BDS vu par lui-même
La campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (« BDS ») est un appel lancé le 4 juillet 2005 par un collectif de 172 organisations et associations palestiniennes demandant à la communauté internationale de boycotter intégralement Israël. Le collectif palestinien se présente sans coup férir comme un mouvement novateur, citoyen, performatif, pacifiste et antiraciste. (1)
BDS est novateur
BDS situe sa naissance en 2005, soit « un an après l’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice qui a jugé illégal le mur qu’Israël construit sur le territoire palestinien occupé ». Partant du constat que toutes les formes de processus de paix ont échoué par la faute exclusivement imputable à l’Etat d’Israël, il propose aux Palestiniens de quitter la table des négociations et d'appliquer une nouvelle méthode pour arriver à la paix basée sur le "strict respect par Israël du droit international et des droits humains des Palestiniens".
Cette nouvelle méthode consisterait à demander à la communauté internationale de boycotter intégralement Israël pour faire pression sur ce pays "jusqu’à ce que ce qu'il plie et honore ses obligations de reconnaître le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et se conforme au droit international".
BDS est une initiative citoyenne spontanée
BDS invite les "organisations des sociétés civiles internationales et les gens de conscience du monde entier" à boycotter Israël. Il présente sa Campagne Internationale de Boycott comme une initiative citoyenne spontanée caractéristique de la démocratie participative. Le mouvement serait faiblement structuré. Dans le cadre des lignes de conduites définies par l’appel de 2005, une grande latitude serait laissée aux initiatives locales, régionales et nationales pour déterminer les cibles de leurs actions et les tactiques à adopter.
BDS est performatif
BDS se targue d'avoir obtenu de très nombreuses victoires depuis son appel de 2005. A en croire ses communiqués de presse, des centaines d’universités auraient gelé ou rompu leurs accords de collaboration avec les institutions académiques et scientifiques israéliennes, la plupart des artistes internationaux ne se produiraient plus en Israël, d’importantes multinationales se seraient désinvesties du pays, des dizaines de municipalités auraient rompu avec l'Etat hébreu et se seraient déclarées « Zones Libre d’Apartheid », des centaines églises des États-Unis auraient retiré leurs investissements des banques israéliennes, etc.
BDS est pacifiste
BDS se positionne comme un mouvement pacifiste et non violent. Les mesures de boycott sont considérées comme des actions « pacifiques, légitimes et acceptées sur la scène internationale » et seraient « protégées par la liberté d’expression » (2). Il dit s'inspirer de la lutte contre la ségrégation raciale en Afrique du Sud
BDS est antiraciste
BDS considère son appel de 2005 qui exige « la fin des violations du droit international et des droits humains par Israël » ancré dans les principes énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Sur base de cet engagement de principe pour l’égalité des droits de chaque être humain, BDS est donc résolument opposé aux idéologies politiques qui prônent le racisme, raison pour laquelle il s’oppose au sionisme.
« Nous rejetons le sionisme en ce qu’il constitue le pilier idéologique raciste et discriminatoire du régime d’Israël d’occupation, de colonialisme de peuplement et d’apartheid, qui prive le peuple palestinien de ses droits fondamentaux depuis 1948 » (3).
Il inscrit son action dans la lignée du forum mondial des ONG organisé en marge de la Conférence contre le Racisme, la Discrimination, la Xénophobie et l’Intolérance (WCAR) de Durban en 2001.
« Guidés par l’agenda inclusif de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, qui s’est tenue en 2001 à Durban, en Afrique du Sud, les principes du mouvement BDS incluent les valeurs de la diversité culturelle, de la solidarité et du soutien mutuel avec les victimes du racisme et de la discrimination raciale » (4)
(1) Appel de la société civile palestinienne. Voir également: Omar Barghouti : "Boycott, désinvestissement, sanctions. BDS contre l’apartheid et l’occupation de la Palestine", La Fabrique Éditions, Paris, 2010
(2) Déclaration du Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression au terme de sa visite en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, 18/11/2011.
(4) Déclaration du Comité national palestinien du BDS (BNC) réitérant la position du mouvement BDS contre toutes les formes de racisme et de discrimination raciale, mars 2017. Voir également à ce sujet la position commune adoptée par le BNC pour la Conférence de Durban tenue en 2009 à Genève : « UNITED AGAINST Apartheid, Colonialism and Occupation. DIGNITY & JUSTICE for the Palestinian People », Octobre 2008.